LA MISSION SALVATRICE DE KENTZOU - RAPPORT DE MISSION
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Le choix de ces localités ne s’est pas fait de façon anodine. Plusieurs raisons expliquent cette préférence :
La sous scolarisation : malgré la gratuité de l’enseignement primaire effective au Cameroun depuis plusieurs années et le fort taux de scolarisation soit 80%[1] au niveau national, la Région de l’Est reste bien en dessous de ce taux.
L’instabilité en République Centrafricaine et le fort taux de refugiés : les troubles sociopolitiques qui ont émaillé la RCA a eu de conséquences notoires sur la localité et notamment sur l’école. En effet, en proie à un flux massif de réfugiés et parfois à des invasions des mutins venus du pays voisin situé la une dizaine de kilomètres, la ville de Kentzou a elle-même connu de sérieuses périodes d’instabilité due à l’insécurité. Cette situation a eu des conséquences sur l’école, les désertions des salles le montrent à suffisance.
Le poids de la culture : les populations de l’Arrondissement ont encore un très grand lien avec la culture. Sans vouloir reprocher cette attitude qui semble positive, il faut cependant noter que celles-ci perçoivent encore l’école, pour la plupart, comme un outil empêchant leurs enfants de servir l’intérêt familiale et de défense de leur identité. La langue française est moins pratiquée voir absente du fait de cette culture très conservatrice.
I. PHENOMENE DE SOUS SCOLARISATION ET D’ABANDON SCOLAIRE DES JEUNES DANS L’ARRONDISSEMENT DE KENTZOU.
A- Objectifs et état général du phénomène et méthodologie adoptée.
1) Objectifs
La mission qui consistait à analyser le phénomène de la sous-scolarisation, d’abandon scolaire, et à ressortir les causes de ce dangereux fléau qui sévit dans l’Arrondissement de la Bombé, avait pour objectif :
De redynamiser les jeunes de Kentzou, Lolo et Mbile à regagner les salles de classe dès la rentrée pour recevoir, eux-aussi, l’instruction qui est la pierre angulaire de tout développement. Cette partie qui nous permet d’établir nos bases d’action, nous a aussi permis de faire une étude préliminaire ; d’où la définition d’un calendrier d’actions concrètes pour soutenir et promouvoir la scolarisation des Jeunes.
2) Méthodologie utilisée dans le cadre de la mission
Notre équipe chargée de mener l’enquête était constituée de 08 volontaires, tous ayant une formation de base en science sociale (sociologie rurale). Pour réaliser cette étude, celle-ci a opté pour un certain nombre d’enquêtes et de collecte des données. Elle a privilégié d’une part, les enquêtes qualitatives 2 , et d’autre part, une enquête quantitative 3 a aussi été mené dans la cadre de la sensibilisation pour recenser les enfants sous-scolarisés et non scolarisés (Annexe 1).
Dans l’ensemble, l’équipe a :
- Organisé les entretiens avec les parents, les membres de l’APE 4 et les enseignants,
- Mené des discussions de groupe avec les personnes ressources (chefs, notables), (confer rapport en image annexe).
- Mené des discussions de groupes avec les élèves du CM1 et CM2.
A cet effet nous avons conçu :
- Un guide d’entretien pour parents (Annexe 3)
- Un guide de discussion de groupe pour personnes ressources (Annexe 4)
- Un guide de discussion de groupe pour enfants (CM1 et CM2), (Annexe 5)
Au total, nous avons réalisé 207 entretiens; dont 128 auprès des camerounais et 79 auprès des refugiés. En outre, 13 focus groupes ont également été organisés.
Les activités se sont étendues sur une période de 31 jours, c’est-à-dire un mois ; soit 10 jours pendant lesquels ont eu lieu les séances de collecte de données, 21 jours pour l’analyse, l’interprétation, la rédaction du rapport et la préparation d’un atelier de restitution avec les membres de l’AJFOI, les parents d’élèves et autres personnalités (confère documentaire de la mission).
C- DIFFICULTES ET RECOMMANDATIONS
Dans le cadre de ce travail, nous avons été confrontés à un certain nombre de difficultés dont l’importance doit être prise en compte aussi bien dans nos analyses que dans les prochaines missions :
1) Les problèmes liés à la communication
La quasi-totalité de la population s’exprime en langues nationales (Kâko, Foufouldé, Baya, Sangho …) dans l’Arrondissement ; véritable frein pour le processus de sensibilisation.
Le nombre d’interprètes dont nous disposions ne nous permettait pas de bien mener nos activités sans oublier les distorsions dues à l’interprétation des échanges. De ce fait, nous suggérons pour les prochaines fois, l’implication des locaux pour faciliter la collecte d’informations.
2) L’indisponibilité des parents
Notre mission a été réalisée pendant la période des vacances. Raison pour laquelle les parents, pour la plupart occupés dans les champs, étaient absents (6h-16h). Les responsables des missions devraient, par conséquent, revoir leur calendrier d’activités ainsi que le temps de travail de l’équipe des enquêteurs.
3) Les difficultés liées à la durée de la mission.
Une mission d’une telle importance ne doit pas s’étaler juste sur 30 jours. Elle doit, le plus souvent, être plus longue pour pouvoir faire une véritable évaluation et savoir si l’on a apporté dans l’effort gouvernemental et surtout si les habitudes récalcitrantes ont trouvé des cures.
4) Les problèmes liés au financement et matériel
En tant que jeune association, nous avons fait face aux problèmes de financement et de matériels qui ne nous ont pas permis de mener à bien nos activités dans tous leurs aspects.
La scolarisation des enfants et l’ensemble des mesures qui l’encouragent nécessitent, de la part des acteurs familiaux et institutionnels, une prise de conscience collective pour l’essor de l’éducation dans ces localités aussi sensible qu’elles soient du point de vue géostratégique, sanitaire et socioculturel. Les défaillances de suivi et d’implication des différents acteurs, y compris les autorités, interpellent la responsabilité de tous et de chacun pour relever les défis de l’éducation primaire ou de la Jeunesse de Kentzou en particulier et au Cameroun en général.
A cet effet, nous proposons:
- Des actions concrètes de sensibilisation de toutes les couches de la population sur l’instruction des enfants : L’école est une affaire de tout le monde et la responsabilité est partagée (c’est possible par ce que nous l’avons expérimenté).
- La construction impérative d’une clôture autour de l’école primaire publique de Kentzou (travaux déjà engagés par l’AJFOI-Cameroun): l’environnement est un facteur déterminant pour une bonne scolarisation et le rendement scolaire. La sécurité qui renforce l’encadrement est primordiale.
- Veiller à la disponibilité des enseignants qualifiés : avec implication et diligence des autorités (nous y avons laissé un enseignant qualifié pour le suivi de ce que nous avons engagé pour la jeunesse de Kentzou et la scolarisation).
- Accélérer le processus de construction et de délocalisation des effectifs à l’école publique annexe.
- Améliorer les conditions de vie de travail des élèves et enseignants avec l’électrification de l’Arrondissement.
Les effectifs sont pléthoriques et le système de mi-temps actuellement en vigueur est moins une solution qu’un moyen (même indirect), d’encourager l’abandon scolaire des jeunes. Les réalités socioculturelles qui incluent les pesanteurs culturelles doivent s’effriter pour laisser éclore les ambitions scolaires des enfants.
II. LES DONNEES SOCIOCULTURELLES, ECONOMOIQUES ET INFRASTRUCTURELLES LIEES A LA SITUATION DES JEUNES EN AGE SCOLAIRE DANS L’ARRONDISSEMENT DE KENTZOU
Dans l’ensemble, les travaux se sont déroulés en deux volets : d’une part la descente sur le terrain et d’autre part, les travaux liés à l’animation pédagogique proprement dite. C’est la raison pour laquelle ces données sont de plusieurs ordres : socioculturelles, économiques et infrastructurelles.
A- LES DONNEES SOCIOCULTURELLES ET INFRASTRUCTURELLES DANS
LE DOMAINE DE L’EDUCATION DE BASE
1- Les données sociales
Parler de données sociales nous permet de tabler sur la situation cosmopolite de l’Arrondissement de la Bombé. Celles-ci englobent à la fois les enquêtes sur les nationalités et aussi sur les religions.
- Les nationalités enquêtées
Les nationalités enquêtées durant nos descentes sur le terrain sont : camerounaise, soit 126 personnes enquêtées ; centrafricaine soit 43 personnes enquêtées, pour un total de 176 personnes enquêtées. (Annexe 6 : annuaire téléphonique des populations enquêtées).
- Les religions pratiquées
Il ressort de nos enquêtes sur les religions que les plus pratiquées dans la localité de Kentzou sont : la religion musulmane (65%), et la religion chrétienne (30%).l’animisme n’est pas du reste
2- Les données culturelles
Les données culturelles sont ici étudiées sur plusieurs plans : alimentaires, hospitalière, vestimentaire et instructive.
- Les habitudes alimentaires
La population de Kentzou, bien que cosmopolite soit-elle, se plie à des habitudes alimentaires circonstancielles. Elle consomme les céréales et tubercules quand c’est la période. Le riz et autres denrées y sont aussi consommés, mais ce sont des aliments de second plan. Les peuples centrafricains présents dans l’Arrondissement, ont une habitude alimentaire constante quant à eux ; ils consomment régulièrement le « foufou » 6 appelé en langue locale Goo’zo. C’est la raison pour laquelle, on peut dire avec certitude que c’est l’aliment la plus consommé dans la zone.
- L’hospitalité ou la cohabitation locale
D’après nos enquêtes, la cohabitation entre les populations autochtones et les refugiés est relativement bonne. Les autochtones vivent dans un climat de méfiance vis-à-vis de ces derniers et se sentent dans un état d’insécurité permanente. Dans les localités de Lolo et de Mbile, la tension est plus que palpable ; c’est la conséquence immédiate de l’ensemble d’œuvre et de soutien que l’UNHCR 7 apporte aux populations réfugiés. Les autochtones se sentant délaissés et appauvris par les refugiés (destruction de leurs production champêtre par les troupeaux des refugiés, vol et destruction des biens immobiliers, l’école, augmentation du cout de vie…), se nourrissent d’un sentiment xénophobe.
En effet, l’Etat, dans sa mission régalienne, assure la paix à travers le détachement de plusieurs unités de sécurité (08 au total), dont l’Armée, la Gendarmerie, la Police la Douane…d’après les déclarations de Monsieur le Sous-préfet de l’Arrondissement de la Bombé. Celles-ci, en plus de leur rôle majeur qui est la sécurité de l’Etat, se mobilisent au quotidien pour faire régner l’ordre et le civisme.
Il ressort de nos enquêtes que cet état de peur généralisé est l’une des causes qui pousseraient les populations autochtones à ne pas envoyer leurs progénitures à l’école.
- La scolarisation locale
Malgré le label de sous-scolarisée qu’on collait aux populations autochtones de la localité de Kentzou à l’instar des Nkakoh 8, les enquêtes ont montré que ces derniers s’intéressent et savent très bien l’importance et la pertinence de l’instruction pour un peuple ; la réunion que nous avons tenu avec les parents en démontrent plus. Dans la même perspective, parmi les élèves que nous avons encadré pendant la mission, les autochtones étaient présents en masse et brillaient par un intérêt scolaire avéré. Les Peul, les Haoussa, les Bororo, les Arabes… (Camerounais), ont, quant à eux été, particulièrement attachés à l’école pendant notre séjour (Annexe 7). L’implication de ces derniers nous a permis de constater qu’ils sont dotés d’une intelligence sans pareil ; ils ont juste besoin de plus d’attention tant aux nivaux familial que gouvernemental, d’où la nécessité des telles initiatives à l’aube de la mise en œuvre de l’Agenda post 2015 portant sur le volontariat jeune.
Un autre véritable problème de l’Arrondissement est la situation de la jeune fille. Malgré son dévouement à s’instruire et l’intelligence qu’on observe chez elle, dès le niveau I, elles disparaissent totalement au niveau 3. Dans une classe de niveau 1 qui comporte par exemple 100 élèves, ont dénombre presque 52 garçons et 48 filles, mais dès le niveau 3 (CM2), on dénombre pratiquement moins de 15 filles dans une classe de 100 élèves (Annexe 7). Dans ces conditions et compte tenu des données démographiques qui donnent les musulmans majoritaires, on justifie très vite ce phénomène : c’est-dire que la culture prime sur l’éducation. La jeune fille musulmane est prédestinée au mariage. (Le documentaire sur la mission vous en dira plus)
Quant à la population réfugiée, dont de nationalité centrafricaine et de religion musulmane, le mariage est la règle pour les filles et l’école une exception. Les statistiques sont angoissantes.
Pour les autochtones de culture chrétienne ils justifient la désertion des jeunes filles des salles de classes par le manque de moyens financiers ou le manque de d’établissements scolaires. Les distances péniblement parcourables par les filles chaque matin pour l’école sont décourageantes, d’où la réticence des parents à envoyer les filles à l’école.
3) Les données économiques
L’économie de la localité de KENTZOU repose essentiellement sur l’agriculture et le commerce. En effet, plus de 80% des habitants de cette localité sont soit agriculteurs , soit commerçants. La classe dirigeante (fonctionnaires, agents communaux, forces de maintien de l’ordre) occupe 15%, et 5% est en transit. Ici la pratique de l’agriculture, très négligée malgré l’appui gouvernemental, est encore archaïque. De plus les plantations sont situées à des kilomètres de la ville obligeant ainsi les agriculteurs à y camper, parfois jusqu’à la période des récoltes pour certaines cultures telles que les arachides, le Tabac... Malgré cette volonté, ces derniers vendent leurs produits à vil prix à cause de l’état de route qui ne leurs permet pas de se déplacer facilement.
Ici également, le travail des enfants est très visible. Ceci parce que les enfants vivent en campement avec leurs parents durant l’année encourageant ainsi la sous-scolarisation des enfants autochtones.
4) Les infrastructures scolaires
Les infrastructures scolaires s’analysent tant sur le plan qualitatif que sur le quantitatif.
- L’analyse quantitative des infrastructures scolaires
D’après nos investigations, les infrastructures scolaires dans l’Arrondissement de la Bombé sont très insuffisantes.
D’abord, les établissements scolaires sont très insuffisants pour une ville comme Kentzou qui est un chef-lieu d’Arrondissement et qui a vu sa population doublée voire triplée en un an (propos de Monsieur le Maire). Une seule école primaire publique et une jeune école primaire bilingue, créée par l’Etat et gérée jusqu’ici par les parents d’élèves après quatre ans d’existence. A coté de celles-ci, on a deux écoles primaires privées, respectivement l’Ecole Catholique Louise Lemarchand et l’Ecole Franco-arabe. Ces deux dernières qui nous ont ouvert leurs portes pour apporter soutien aux jeunes de la localité. Soit un total de 04 Ecoles, 20 salles de classe pour plus de 10 000 élèves (09 salles de classe à l’Ecole publique, 02 salles de classe à l’Ecole bilingue, 06 salles de classe à l’Ecole catholique et 04 salles de classe à l’Ecole franco-arabe).
Cette situation ne peut que décourager les parents et même certains enfants à ne pas aller à l’école, dans la mesure où ils se disent que : « si l’Etat ne fait rien pour améliorer la vie scolaire, c’est parce qu’il n’y a aucun intérêt à aller à l’Ecole », déclarait l’un des parents lors de l’une de nos réunions de sensibilisation à l’Hôtel de Ville de Kentzou.
Ensuite, le nombre des instituteurs formés affectés dans cette école publique est très insuffisant ; quatre enseignants pour une école d’environs 3500 élèves repartis dans neufs salles de classes et subdivisée en deux groupes : le Groupe A et le Groupe B.
Enfin ces salles de classes, bien que dans un état délabré, obscure, manquent de tables-bancs. Les enfants s’asseyent à même le sol pour prendre les cours.
En effet, nous avons constaté que, même pour quelques curieux qui viendraient à l’école pour voir ce qui s’y passe, ne peuvent pas être attirés pour s’intéresser à celle-ci. Ils peuvent qu’avoir une justification : « allez à l’école, c’est dépenser son argent pour souffrir », Moussa Abdoulaye, 12 ans et Pousseur dans la ville de Kentzou.
- L’analyse qualitative des infrastructures et des enseignements
Les enseignements dispensés à l’école publique de Kentzou sont en deçà de la normale nationale selon le programme officiel. D’après les témoignages des élèves de cette école, pour toute une année scolaire, l’on enregistre au plus quatre cours en classe du cours élémentaire deuxième année (CE2). Ici, sur les huit enseignants disponibles en dehors du Directeur, tous sont maître des parents
9, sans qualification nécessaire et n’ayant ni conscience professionnelle, ni niveau intellectuel adéquat. Les instituteurs, quand ils sont affectés dans la localité, sont toujours absents.
Exemple : selon les témoignages des parents, après un mois de la rentrée scolaire 2013-2014, la Directrice de l’école maternelle est partie et jusqu’en fin d’année, les enfants de la maternelle ne sont plus allés à l’école.
Par ailleurs les Instituteurs sont accusés de corrompus par les parents et les élèves ; car ils font payer aux parents chaque mois des sommes variant entre deux cents francs et mille francs CFA pour soit disant des frais des travaux pratiques séquentiels. Mais curieusement, ces fameux travaux pratiques n’ont jamais eu lieu mais les élèves ayant payé les frais y afférent sont toujours notés à la fin. A l’école publique de KENTZOU, les évaluations hebdomadaires prévues dans les textes portant définition des programmes scolaires n’ont jamais existé.
Toutes ces informations ont été vérifiées !
Observations
- D’une manière générale, les élèves délaissés par leurs parents pour les travaux champêtres, abandonnent à leur tour les classes pour se consacrer aux activités génératrices de revenus telles que : aide-commerçant (l’école située en plein cœur du centre commercial), la vente de bois, le transport par pousse, les déchargements des camions (la cours de l’école servant de stationnement pour les camions des commerçants).
- Miraculeusement, tous ces élèves sont promus en classe supérieure en fin d’année avec l’approbation de l’administration scolaire. Ceci encourage la fainéantise, car nous avons observé des élèves qui ont eu le concours d’entrée en 6ème , mais qui ne savent ni lire, ni écrire (voir documentaire de la mission).
- Ce blocus considéré comme un affront par les élèves paresseux et ayant atteint l’âge d’adolescence préfèrent alors abandonner l’école soit pour se marier ou se consacrer au commerce ou aux travaux champêtre. D’où l’accroissement de la sous scolarisation.
- Les autochtones se découragent de plus en plus pendant que leur nombre au niveau secondaire est nul, voire inexistant au niveau supérieur. Par exemple pendant l’année scolaire 2013/2014 on a pu enregistrer que cinq élèves autochtones en classe de terminale au lycée « bilingue » de KENTZOU.
B- TRAITEMENT DES DONNEES STATISTIQUES DE LA SITUATION SOCIO-EDUCATIVE DES JEUNES DE L’ARRODISSEMENT ET ETAT D’ESPRIT DES ELEVES.
Ce qui précède est constitué de l’ensemble du travail mené sur le terrain et dans les salles de classes pendant le déroulement de la mission. Dès lors, il est important de faire une transcription statistique. Nous allons, pour ce faire, établir l’histogramme des données recueillies sur le terrain et nous ferons une analyse générale du comportement des Jeunes pendant la mission.
1) Les données statistiques recueillies sur le terrain
- Quartiers sensibilisés : Plateau, Bassia, Solo, Police, Gendarmerie, Oka, Abattoir.
- (Annexe 8 : répertoire des ménages sensibilisés et contacts téléphoniques, Région : Est-Cameroun, Localité : Kentzou
II – L’ACTIVITE D’ANIMATION SOCIOCULTRURELLE
Apres une séance de travail entre les responsables de l’AJFOI et les volontaires, un planning a été arrêté pour les animateurs. Repartis en deux groupes, ces volontaires aux profils variés tels psychologues, sociologues ,communicateurs avaient pour mission d’organiser des séances d’animation avec les enfants leur permettant ainsi d’éveiller leurs esprit et leurs inculquer des valeurs humaines telles : l’amour de l’autre , le pardon, la tolérance , le patriotisme, l’amour du travail... ceci s’est concrétisé par l’apprentissage des chansons (Hymne National), des récits, des sketchs, poèmes…aux enfants dans les salles de classe. D’autre part, un autre groupe devait s’occuper de l’organisation d’un mini tournoi de football pour la population adulte ; ce qui a été accueilli avec beaucoup d’effervescences dans la ville. Il faut noter par ailleurs que le dit tournoi a vu la participation des différents quartiers mais aussi des différentes unités des forces de sécurité. Il s’est soldé le jeudi le 28 aout 2014 avec la victoire de l’équipe des jeunes Nkakoh.
A. SUR LE PLAN SCOLAIRE
Les animateurs sociaux chargés d’animer les enfants ont été affectés par groupe dans les salles de classe. A partir des prestations observées après une semaine de travail, il a été désigné parmi ceux-ci, les animateurs principaux pour chaque classe de la SIL au CM II. Ces derniers avaient pour mission de se familiariser avec les enfants et gagner leur confiance afin de mieux échanger. Ils devaient apporter du nouveau dans l’esprit de ces enfants qui, depuis des mois, n’ont que vécu sous le coup du traumatisme du fait de la guerre sévissant dans le pays voisin. Les enfants devaient se sentir aimés et écoutés.
1) Techniques appliquées
Malgré que l’on ne parvienne pas à communiquer faute de différence au niveau de langue, Nous avons su faire passer le message mais surtout nous avons réussi à garder les enfants en éveil. les enfants ont en effet brillé par de différentes prestations devant le grand public l’ors de la cérémonie de fin de mission organisée le 29 aout 2014 a cet effet. Nous avons recensé et même créé des chants et récits à la fois instructifs avec des thématiques en langue française.
Pour atteindre nos objectifs, un second planning a été réalisé par les animateurs sociaux en concert avec les enseignants. Le planning se présentait ainsi qu’il suit :
Apres l’exécution de l’hymne national comme il est de coutume dans les établissements scolaires camerounais, les enfants rejoignent les salles de classe en chantant, lesquelles chansons devaient être les plus démonstratifs possibles surtout pour les enfants de la SIL et du CP (confer rapport en image en annexe).
Extrait de chanson : « Je ne veux pas te pousser avance…je ne veux pas te pousser ne t’arrête pas… »
Dans les rangs, un élève pose les mains sur les épaules de son camarade en face en avançant il exécute le chant.
Une fois dans les salles, les animateurs débutent avec le travail. Trente minutes après, les enseignements suivent .Ces séances d’animation ont pour but d’éveiller l’esprit, de chasser la fatigue et le sommeil, le stress, avec pour but de les rendre plus participatifs pendant le cours.
Apres la pause de 10heures, les animateurs prennent le relais pour 20 minutes en chanson ou simplement en faisant des mouvements relaxants.
A 12h00 les animateurs reviennent pour clôturer la journée pendant 30 minutes. Ainsi pour capter leur attention, nous faisons des jeux de compétition toujours en groupe, un point sur lequel nous avons mis l’accent pour la culture de l’esprit de groupe (ces enfants étaient en mal de l’esprit de collectivité). Ici, l’enfant doit retenir qu’il est important de s’accorder ensemble pour réussir une chanson. La compétition pousse à rechercher l’excellence, créer l’esprit d’endurance et de tolérance. Pour faciliter la rétention des élèves nous options pour des chants brefs et une attitude décontractée pour mettre en confiance.
2) Difficultés rencontrées
L’animation comme l’enseignement n’était pas chose facile dans les classes de la SIL et du CP. Le problème de langue et des effectifs pléthoriques constituait un obstacle pour les animateurs. Du CEI au CMII, il était plus évident de les maitriser. Les enfants de ces niveaux étaient plus attentifs et calmes, malgré leur connaissance presque nulle de la langue française.
S’agissant des chants thématiques, nous insistions sur l’éducation, la solidarité, l’hygiène, le travail, la paix.
Notre mission s’est tenue dans un Arrondissement en proie à plusieurs types d’insalubrités, mais aussi, on a enregistré un grand nombre d’enfants d’origine centrafricaine, qui, partis de la RCA avec des préjugés, vu la situation qui prévalait dans leur pays, il fallait les éloigner du traumatisme. Il était important de redonner l’espoir, le sourire mais surtout de leur rappeler que la joie de vivre perdue chez eux pouvait être retrouvée. Comparé aux jeunes de la ville de Kentzou, ces derniers avaient de bonnes bases en langue française et aussi, ils s’adaptaient facilement et montraient leur engouement à continuer les études. L’échange interculturel a travers un chant en langue « SANGO » (langue parlée en Centrafrique) était la bienvenue et bien apprécié.
3) Intérêts
Une mission basée sur l’éducation et l’apprentissage de la langue française. Enfants et adolescent ont ainsi pu bénéficier des animations, une activité qui a su captivé et permis l’échange de façon ludique durant 1 mois. A la fin de cette passionnante expérience nous laissons un chant composé par une sociologue au nom de FADI Marceline qui sera repris en hymne par les enfants et dans le documentaire de la mission. Nous avions l’espoir que les ainées de classe de CMI et CMII relayeront le message que nous souhaitions donner a leurs cadets et surtout qu’ils accompagneront ces derniers dans leur apprentissage.
Le chant s’intitulait «LA PAIX»
Extrait du chant :
-J’ai quelque chose pour toi, pour moi, pour lui, pour nous, pour eux que je veux vous donner c’est gratuit
- Gratuit ?
- OUI
- Je le veux oui je le veux qu’est ce que c’est ?
C’est la paix
P …. A… I… X, c’est la paix oui c’est la paix
B. ANIMATION EXTRASCOLAIRE
L’AJFOI-Cameroun ne s’est pas seulement contentée de sensibiliser les parents et les jeunes sur l’importance de l’école, elle a organisé un mini tournoi de football qui était très couru par les populations de la ville de Kentzou et de ses environs. Regroupant six équipes (AJMK, Etoile brillante de Kentzou, les FAP, les Réfugiés…), cette phase qui consistait à chasser le stress et l’inertie de toutes les couches de population était, elle aussi, un grand succès sur le plan des objectifs qu’on devaient attendre.
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